Au Laboratoire Parole et Langage, nous étudions le langage tel qu’il est utilisé — produit, perçu et interprété — dans son environnement. Nous le faisons dans une approche empirique, qui utilise des mesures et des faits linguistiques provenant des corpus ou de l’expérimentation, qui s’ancre dans la description linguistique, et peut se concrétiser dans la modélisation formelle. Historiquement, la parole et la langue parlée, et en particulier sa prosodie, sont les objets de prédilection du laboratoire et en restent aujourd’hui des thématiques centrales. Le coeur de l’expertise du laboratoire est une démarche de formulation d’hypothèses, de constitution de jeux de données, et du test des premières sur les seconds. Ce travail ne peut cependant pas être réalisé sans une connaissance linguistique acquise dans la description linguistique et le travail sur le terrain. La formalisation, dans ce contexte, n’est pas un objectif, mais un outil. Elle aide, d’une part, à préciser les formulations des hypothèses et, d’autre part, à articuler les différents résultats empiriques dans un modèle cohérent.
Les données linguistiques sont pour nous des performances produites par les utilisateurs du langage et portent les traces de leur environnement. Les variables y sont plus ou moins contrôlées en fonction des études et des contextes d’obtention mais les données observées ou mesurées sont toujours accompagnées d’informations méta-linguistiques. Les variations, quelles que soient leurs origines, sont cruciales dans ces études, que ce soit pour les neutraliser, pour les analyser en tant que telles ou pour exploiter ce qu’elles révèlent sur la faculté de langage. Enfin, le laboratoire, comme l’ensemble de la discipline des sciences du langage, a bénéficié ces dernières années d’une forte ouverture vers les sciences cognitives et les neurosciences. Cette direction est pour nous cruciale, afin de mieux ancrer les modèles linguistiques dans des architectures de traitement cognitif et de mieux comprendre l’implémentation neurophysiologique des fonctions langagières. Ce développement renforce l’objectif du laboratoire dans sa volonté de décrire et modéliser la parole et le langage. Le laboratoire reste bien sûr ouvert à une étude large du langage humain, qui implique un dialogue avec des disciplines comme l’anthropologie, la philosophie du langage, l’histoire, la sociologie et les études littéraires.
A moyen terme, nous poursuivrons la politique d’ouverture scientifique engagée, en particulier, d’une part, vers les bases cérébrales du langage et les méthodes qui leur sont associées, et d’autre part, vers le mouvement général de la science des données. Cette politique d’ouverture correspond à une volonté de rester au coeur des travaux en phonétique et linguistique, tout en étant acteur du grand élan qui agite et vivifie les sciences du langage. Par ailleurs, nous continuerons à développer les ouvertures et les collaborations avec les collègues du monde de la santé, de l’éducation, et des applications numériques. Ces trois domaines constituent des exemples parfaits de cercle vertueux entre recherche fondamentale et application. Les situations de variations et les contextes spécifiques liés à ces domaines offrent des paradigmes intéressants pour poser des questions fondamentales sur le langage. En retour, les résultats de nos recherches peuvent être formulés et appliqués dans ces contextes pratiques.